L'UNA (Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles), qui regroupe plus de 800 structures d'aide à domicile à but non lucratif, dont les CCAS, publie la troisième édition de son baromètre. L'étude a été réalisée par OpinionWay du 11 janvier au 8 mars 2021, sur un échantillon de 174 directeurs de structures adhérentes à l'UNA, essentiellement des structures associatives (84%), publiques (14%) et mutualistes (2%). Ses résultats font apparaître "des difficultés de prise en charge des demandes, déjà présentes en 2019 mais qui s'accentuent avec la crise sanitaire".
Ainsi, 49% des structures considèrent que la situation s'est "énormément" ou "beaucoup" dégradée en 2020 (33% en 2019) et 30% qu'elle s'est "un peu" dégradée (39%). Cette dégradation a pour conséquence des ruptures dans la continuité des prises en charge des personnes à domicile. Faute de moyens humains, 50% des structures disent avoir dû décider des réductions ou des interruptions d'aides, alors que 46% estiment que le nombre de ces ruptures est identique à celui de 2019. Cette perception d'une dégradation dans les prises en charge en 2020 est nettement plus élevée dans les grandes structures (64% dans celles de plus de 100 salariés) que dans les petites (42% dans les structures de moins de 50 salariés).
Autre conséquence de la crise sanitaire : 46% des structures disent avoir vu leur nombre de dossiers pris en charge diminuer au cours de l'année 2020 et 33% l'avoir vu stagner. C'était le contraire en 2019, où 38% des structures affirmaient avoir vu le nombre de dossiers augmenter. De même, seules 82% des demandes ont pu être prises en charge intégralement (contre 85% en 2019), alors que 8% ont dû être refusées (contre 6%) – et même 14% pour les Ssiad –, 6% prises en charge partiellement (contre 5%) et 5% reportées (contre 4%). Au final, 66% des structures déclarent qu'au moins une demande n'a pas pu être prise en charge intégralement en 2020, contre 59% un an plus tôt. Ce taux de 2020 est de 79% dans les structures de plus de 100 salariés et de 57% dans celles de moins de 50 salariés (ce qui peut toutefois s'expliquer par le nombre plus ou moins important de dossiers traités).
Les difficultés de recrutement étaient déjà présentes avant la crise sanitaire, puisque 26% des structures disent avoir refusé des demandes entre 2019 et mars 2020 en raison d'un manque de personnel. La pénurie est particulièrement sensible parmi les structures situées dans des bassins d'emploi dynamiques (46%), dans celles de plus de 100 salariés (43%) et dans les Ssiad (36%).
Interrogés sur les raisons qui augmentent les difficultés de recrutement, les directeurs de structures citent le manque de reconnaissance salariale (97% de citations), des conditions de travail qui se détériorent (80%), la "forte concurrence d'autres secteurs d'activités connexes exacerbée par les décisions du Ségur de la santé" (66%), ainsi que le fort absentéisme lié au Covid-19 (arrêts...) et les difficultés de remplacement (50%). Au-delà de ces difficultés exogènes, les directeurs pointent également, dans la réponse à une question ouverte, la manque de candidatures adaptées.
Pourtant, le secteur reste porteur en termes d'emploi, même s'il faut tenir compte d'un "turn over" important. Ainsi, 88% des structures disent avoir ouvert des postes en 2020 (contre 92% en 2019). Mais près des deux tiers d'entre elles (64%) avaient encore des postes vacants au jour de l'enquête. Dans un quart des cas, ce sont même plus de la moitié des postes proposés qui étaient toujours vacants. En moyenne, près du tiers (31%) des postes ouverts en 2020 n'ont donc pas été pourvus, contre 22% en 2019.
Côté départs, le Ségur de la santé, qui a revalorisé les personnels des hôpitaux et des Ehpad, a provoqué une "fuite" de certains salariés. C'est particulièrement vrai pour les Ssiad, dont 50% ont constaté au moins un départ de salarié vers un de ces établissements. Cela est vrai aussi, dans une mesure légèrement moindre (46%), pour les autres structures, comme les Saad (services d'aide à domicile).
Enfin, interrogés sur les moyens qui permettraient de sortir de cette situation, les directeurs citent sans surprise une "revalorisation ambitieuse" des grilles salariales (98% de tout à fait d'accord et plutôt d'accord), une meilleure tarification des services d'aide à domicile (93%), la mise à disposition de moyens pour communiquer sur les métiers auprès des jeunes et du grand public (78%) et un décloisonnement des secteurs sanitaire et médicosocial pour développer les synergies locales comme la mise en commun de fonctions supports (63%).
Conclusion de cette troisième vague du baromètre : dans son communiqué du 6 mai, l'UNA "demande au gouvernement de programmer rapidement une loi Grand Âge et autonomie d'envergure, permettant une véritable adaptation de l'offre à la réalité des besoins d'aujourd'hui en prévention, aide, soins, accompagnement, lien social et soutien des personnes fragilisées et de leurs aidants".
L'UNA reconnaît cependant que l'agrément à venir, avant la fin du mois de mai, de l'avenant 43 de la convention collective de la branche de l'aide, de l'accompagnement et des soins à domicile (voir notre article du 2 avril 2021), constitue, malgré "des incertitudes qui subsistent", "une avancée historique qui permettra la plus forte revalorisation des emplois et des rémunérations dans la branche de l'aide à domicile depuis 2002 (entre 13 et 15% en moyenne)". Il reste maintenant à attendre le prochain baromètre pour voir si cette revalorisation significative suffira à réduire les difficultés de recrutement du secteur.
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