Au bord du gouffre, les fdrations des sports de salle veulent du concret


Ils ont attendu. Ont tendu l'oreille. En vain. Ils, les présidents de seize sports de salle représentant plus de deux millions de licenciés et quelque 27.000 clubs "en souffrance". Jeudi 25 février au soir, ils étaient à l'écoute du Premier ministre Jean Castex. Mais pour eux, rien n'a été annoncé. Silence total. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tiré la sonnette d'alarme.

Quelques heures plus tôt, ils étaient réunis au siège du CNOSF (Comité national olympique et sportif français). Ils y ont brossé un portrait sombre de leur situation alors que seuls les publics prioritaires peuvent aujourd'hui accéder aux équipements sportifs couverts et clos. Pour ces fédérations, la baisse du nombre de licenciés varie entre -17% et -57% par rapport à la saison 2019/2020. Les pertes financières vont de -18% et -40%. "Certains sports n’ont pas vu l’ombre d’une compétition depuis près d’un an, s'est insurgé Jean-Pierre Siutat, président de la Fédération française de basketball. Nous avons très peu de soutien de l’État, aucun sur le plan financier." Pas tout à fait juste.

Il est prévu de mettre en œuvre le dispositif Pass’Sport et ses 100 millions d'euros. Mais pas avant la fin de la saison actuelle. Il y a encore les 15 millions sur 2021 du fonds d’urgence de l’Agence nationale du sport (ANS) destinés aux petites associations non employeuses. Une partie des crédits de l’ANS issus du plan de relance devrait amortir les pertes des fédérations en termes de licences. Et puis 5.000 postes de services civiques sont fléchés vers l'emploi sportif pour accompagner les petits clubs à se saisir des aides disponibles. Mais le compte n'y est pas. "D’un point de vue financier, les aides proposées par le ministère en charge des Sports ne pourront couvrir tous les manques à gagner des clubs, de plus en plus en danger", s'indignent les présidents de fédérations dans un communiqué commun.

"Ils ont perdu la volonté et la passion"

Ils veulent aujourd'hui des "réponses concrètes" sur des revendications précises. Ils réclament un fonds de soutien direct pour les fédérations de sports de salle "beaucoup plus touchées que les sports en extérieur". Et une défiscalisation des licences pour les sports de salle qui n’ont pas pu être pratiqués cette saison. Et encore une visibilité immédiate sur le Pass’Sport à travers un dispositif "simple et efficace" pour préparer la saison 2021/2022. Et enfin la création d’emplois aidés au sein des fédérations pour accompagner les clubs en vue d’une relance dès l'été 2021.

Mais la première demande des fédérations porte sur le retour des pratiquants et du public selon des protocoles sanitaires adaptés. Pour les pratiquants, ce doit être "dès que possible". Et il faut viser "surtout les jeunes". Pour le public, les présidents de fédération lorgnent avec envie vers la culture. "L'été ne se passera pas sans festival", a annoncé la ministre de la Culture. Le cadre est connu depuis le 18 février. Ce sera assis et avec une jauge de 5.000 personnes au maximum. Mais pour le sport ?...

Le 19 février, en déplacement à Lyon, la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, annonçait la tenue cette semaine d'une réunion interministérielle à Matignon pour évoquer l'expérimentation d'un retour partiel du public dans les enceintes sportives. La réunion n'a jamais eu lieu. Pourtant, le temps presse.

"Nous ne voyons pas le bout du tunnel, lance Éric Tanguy, président de la Fédération française de volley-ball. Un grand nombre de licenciés ne veulent plus reprendre. Ils ont perdu la volonté et la passion, tandis que certains voient l’œuvre d’une vie disparaître."

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