Rédigée par la direction générale des entreprises (DGE), la feuille de route numérique publiée le 25 mars 2024 est signée de trois ministres, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, et Marina Ferrari, secrétaire d’État chargée du numérique. Cela n'empêche pas les auteurs de détailler les actions mises en œuvre par d'autres ministères (Éducation, Intérieur, Transition écologique), offrant ainsi une vision très complète des politiques numériques tricolores.
Le document détaille la "trajectoire" de la France pour atteindre les objectifs fixés par l'Europe en matière de numérique. Ce programme "décennie numérique", lancé en 2021, fixe aux États membres des objectifs quantitatifs à atteindre d’ici à 2030 dans quatre domaines : infrastructures, compétences, digitalisation des entreprises et services publics dématérialisés. L'Europe impose aux États membres de réaliser tous les 2 ans un bilan d'étape auquel correspond le document publié. Il s'agit d'un récapitulatif des programmes en cours ou lancés depuis moins de deux ans, indiqués à ce titre comme "nouveaux". Pour les deux ans à venir, la priorité affichée porte sur la "création d'un choc sur les compétences numériques" et le "rattrapage" en matière de digitalisation des entreprises tout en gardant le "leadership" sur les infrastructures.
Parmi les sujets intéressants les territoires, on mentionnera le volet infrastructures numériques. Il est l'occasion d'un satisfecit pour le gouvernement puisque la France occupe la première place du classement des pays de l'Union européenne en matière d'adoption de la fibre par les ménages et a "5 ans d'avance" sur l'objectif européen en matière de généralisation de la fibre optique. Les collectivités seront cependant surprises de constater le maintien de l'affichage du "Très haut débit pour tous en 2025" alors même que le plan national "Très haut débit" vient de faire l'objet de sévères coupes budgétaires et que le mode de financement des raccordements complexes reste à définir. En matière de 5G on notera également un flou persistant sur la délivrance des fréquences 26 gigahertz présentées souvent comme la "vraie 5G".
Sur le volet transformation numérique des services publics, on retrouve le programme Service public+ dédié à l'amélioration de la qualité et de l'accessibilité des services publics ainsi que l'objectif de numériser 250 démarches publiques essentielles et la relance de l'ouverture des données et des codes source. Il y a enfin le volet identité avec la montée en puissance de France Connect+ et de France Identité pour sécuriser l'accès aux services numériques en ligne et dématérialiser les titres physiques.
Sur le volet compétences, l’objectif de former 20.000 aidants numérique et d’accompagner 2 millions de citoyens français est rappelé, de même que la refonte (en cours) de la gouvernance de l'inclusion numérique. Le développement de filières d'excellence est aussi détaillé avec pour objectif de former "au moins 20 millions de spécialistes des technologies de l'information" d'ici un 2030 contre un peu plus de 4 millions aujourd'hui. En matière de digitalisation des entreprises, on retiendra enfin le volet IA et informatique en nuages qui a aussi vocation à profiter aux administrations publiques.
Le document permet de situer la France par rapport au reste de l'Union européenne grâce à des indices relatifs à l’économie et à la société numériques (Desi) calculés par la Commission. Globalement, la France est en avance sur les infrastructures, en retard sur l'accompagnement des citoyens et la digitalisation des entreprises. Avec parfois un gap très important pour atteindre les objectifs fixés par la Commission pour 2030. Les retards Les points forts Dans les clous |
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