En Sarthe, la communauté de communes du Pays sabolien (17 communes, 29.000 habitants) est un territoire dynamique pour l’emploi, en partie grâce au secteur agroalimentaire. « Les entreprises rencontrent cependant des difficultés à embaucher, notamment pour du travail saisonnier, de l’intérim, des stages ou des contrats d’alternance. Les jeunes susceptibles d’être recrutés ont besoin d’une solution de logement souple et réactive, adaptable à leur temps de présence et à leurs moyens financiers », explique la chargée de l’habitat et du contrat de ville de la communauté de communes, Manon Dardé. Le Pays sabolien ne dispose pas d’un habitat de type foyer de jeunes travailleurs, la résidence la plus proche se trouve au Mans.
Cette problématique correspond aux objectifs de l’appel aux territoires volontaires, lancé par la région Pays de la Loire pour expérimenter un dispositif d’hébergement temporaire chez l’habitant (lire encadré). Il s’agit de proposer aux jeunes âgés de 15 à 30 ans une solution de logement au plus près de leur lieu d’emploi ou de formation, grâce à la médiation de professionnels de l’habitat jeunes. En 2017, les élus saboliens travaillent à l’adaptation locale du dispositif, avec l’association Flore Habitat Jeunes, implantée au Mans. Dans la phase expérimentale, le dispositif est entièrement financé par la Région et ses partenaires : Union régionale pour l’habitat des jeunes (Urhaj), Direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS), Caisse d’allocations familiales (CAF), sans reste à charge pour la collectivité.
Début 2018, l’association part à la rencontre des hébergeurs potentiels afin de vérifier leur adhésion au projet social et la conformité du logement au cahier des charges. « Ce n’est pas une location à but lucratif, précise le directeur de l’association, Marc Manceau. Les hébergeurs rendent avant tout un service. Ils doivent parfois être très réactifs, par exemple pour accueillir un jeune en mission d’intérim quasiment du jour au lendemain. » Cette attention aux conditions d’accueil explique la montée en charge longue du dispositif : 4 hébergements seulement ont été réalisés en 2018 contre 18 en 2020. « Le pays fléchois voisin, qui a commencé le programme début 2021, observe la même dynamique », souligne la chargée de mission.
L’association Flore Habitat Jeunes accueille les jeunes pour le diagnostic de leur besoin d’hébergement. Elle organise la rencontre du potentiel binôme et met en place la charte tripartite qui définit les engagements de chacun. « La médiation sociale est un point fort du dispositif. Parmi les jeunes accueillis, certains sont mineurs et n’ont jamais vécu seuls. L’association connaît bien ses hébergeurs et crée les binômes appropriés » précise la chargée de mission. Pour la personne hébergée, le coût à la nuitée est de 15 € avec un plafond mensuel de 250 € (+20 € de chauffage l’hiver). L’hébergeur reverse à l’association 1 € par nuitée, dans la limite de 20 € par mois.
C’est aussi l’association qui est chargée de communiquer sur l’existence du service auprès des réseaux accueillant les jeunes (établissements d’enseignement, mission locale…) ainsi qu’auprès des entreprises. Pour 75 % des demandes de logement, les jeunes ont eu connaissance du dispositif grâce à la communication faite sur internet, via les mairies et le réseau de l’Urhaj. Les autres prescripteurs sont en premier lieu Action Logement, puis l’Office de tourisme et les employeurs. « Via le service mission économique, la collectivité est aussi facilitatrice du lien avec les entreprises du territoire. L’implication du service a été un facteur de succès », explique Manon Dardé. S’inspirant de cette expérience, le pays fléchois a d’ailleurs fait le choix de confier le portage du dispositif à son service de développement économique.
Sur les trois années d’expérimentation, 31 binômes se sont formés et 1.141 nuitées ont été réalisées. Les jeunes accueillis étaient originaires du département, de la région et d’autres régions, dans des proportions similaires. « Les élus sont très satisfaits de ce dispositif sans lequel des jeunes et des entreprises auraient dû renoncer à un recrutement. Côté participants, les retours sont positifs, aussi bien côté jeunes que côté hébergeurs. » C’est pourquoi la collectivité a inscrit la poursuite du dispositif dans son Programme Local de l’Habitat ainsi que dans le plan d’action « Territoire d’Industrie du bassin de Sablé-sur-Sarthe - La Flèche ». Avec une évolution sensible : dans le cadre de la convention 2021-2023, c’est la communauté de communes elle-même qui finance majoritairement le programme, avec un plafond de 8.000 € par an. L’association, qui estime le coût annuel du service à 10.500 €, a sollicité des subventions complémentaires auprès de la Région (1.000 €), de la CAF et de la DDETS.
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