La tempête Alex en 2020, puis, plus récemment la tempête Aline, ont provoqué des dégâts considérables sur le territoire de la Communauté d’agglomération de la Riviera Française (CARF). « Ces événements météorologiques dramatiques et les changements climatiques en cours ont conduit l’ensemble des élus des communes et de la communauté à mettre en place une stratégie de reconstruction résiliente, explique Yves Juhel, président de la CARF et maire de Menton. Les très importants investissements exigés par la reconstruction et la prévention des risques torrentiels dans la vallée de la Roya ont par ailleurs amené l’État à nous encourager à travailler sur une stratégie à large échelle en tenant compte des spécificités du territoire particulièrement exposé. » Si 80 % de sa superficie est en zone de montagne, 80 % de sa population réside sur le littoral, soumis aussi aux risques côtiers.
La CARF a élaboré sa politique de reconstruction et de prévention dans le cadre de l’appel à projet Stratégies territoriales pour la prévention des risques en montagne (STePRiM). Lancée en janvier 2023, sa démarche s’est conclue en décembre par la labellisation de sa stratégie. « Une durée relativement courte, grâce notamment au bon esprit de dialogue entre tous les intervenants et les services de l’État », fait valoir le président de la communauté qui précise que la CARF est la deuxième collectivité à obtenir ce label.
L’élaboration de cette stratégie a été portée en interne par le Service de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (Gemapi), piloté par Jean-Christophe Martin, avec la collaboration du Syndicat mixte inondation, aménagement et gestion de l’eau (Smiage Maralpin), des services de l’État et du département. « Tout au long de la préparation du dossier de candidature, les échanges ont été permanents avec l’ensemble des communes du territoire, en première ligne sur la gestion des risques, afin d’adapter la stratégie à leurs spécificités et assurer la cohérence des actions à mettre en œuvre », tient à souligner le président de la CARF.
La stratégie territoriale de prévention des risques naturels se décline en trois objectifs structurants. Ils s’inscrivent dans une finalité globale d’adaptation et de résilience pour la protection des biens et surtout des habitants. En résumé, il s’agit d’anticiper les conséquences du changement climatique en sensibilisant les habitants aux risques, mais également en accompagnant les collectivités dans la gestion de crise ; de préserver et de maintenir durablement les différents espaces de vie du territoire (vallées et villages perchés de la vallée de Roya, vallée de la Bévéra et vallons côtiers) ; de développer la résilience du littoral montagnard en sécurisant prioritairement les biens et les personnes les plus exposés aux phénomènes torrentiels. « À travers ces objectifs nous visons également à mieux identifier les actions à mettre en place et leurs coûts à court et moyen termes afin d’être en mesure de les budgéter plus précisément », complète Yves Juhel.
La stratégie a défini 55 actions, qui portent sur une approche globale et intégrée de la prévention des risques naturels, pour en améliorer la connaissance afin de mieux en informer les acteurs du territoire et les habitants. Ces actions visent aussi une meilleure surveillance de ces phénomènes permettant d’optimiser l’alerte et la gestion de crise. Bien évidemment, les travaux de protection sont au cœur de ce dispositif d’actions. Les collectivités locales n’ont d’ailleurs pas attendu la labellisation pour engager de nombreux travaux de confortement des berges après la tempête Alex. Des appareils de mesure ayant vocation à suivre l’évolution du niveau de l’eau et des débits ont déjà été installés. Aussi, plusieurs outils d’aide à la gestion de crise ont été mis à la disposition des communes, leur permettant de cartographier leur plan d’actions et de suivre les mesures mises en œuvre. Ce suivi est d’autant plus important que les événements climatiques sont de plus en plus violents et les aménagements de protection sont mis plus régulièrement à contribution.
Le service Gemapi de la CARF attire l’attention sur le travail effectué auprès des services de l’état pour adapter le Fonds Barnier aux enjeux du territoire. « Ce fonds finance habituellement les rachats pour démolition, mais dans la vallée de la Roya, pour des cas bien particuliers, nous avons pu en bénéficier sans pour autant démolir les bâtis. Certaines maisons sur les berges nécessitaient seulement d’être consolidées. En rachetant et en neutralisant uniquement le rez-de-chaussée via le fonds, nous avons pu conserver les habitations des niveaux supérieurs, en renforçant la partie basse de l’immeuble et en la protégeant par un confortement au niveau des berges. Autre cas d’école, des maisons ont été « vidées » de leurs appartements, mais nous avons préservé l’ossature et la façade pour maintenir l’unité architecturale des centres bourgs, notamment dans la traversée du village de Fontan. »
Les 55 actions de la stratégie territoriale de prévention des risques naturels (2024-2029) se déploieront sur une période de six ans, avec la perspective d’une clause de revoyure à mi-parcours (2026). Un premier bilan des actions en place et les résultats des études en cours pourront ainsi conduire à les faire évoluer ou à les compléter.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFonLGolae2prrCnmalmV2ntre1xKuYZp6ilrukrcisnGaularBbr%2FAnZiprJWneqLB12acr52emrqmutOsZJykmaKutbXQrpysZZWtwbOxzJ6qZmhm