Le 16 mai, durant une audition marathon de plusieurs heures devant la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale, Philippe Duron a partagé sa vision et répondu aux questions des députés. Plusieurs ont porté sur des points clés de la future LOM comme le désenclavement des territoires en régénérant et améliorant les petits axes routiers, ou encore sur la programmation de régénération des infrastructures routières. "Le financement des infrastructures de transports est un sujet qui fait depuis longtemps débat", a restitué Philippe Duron. "Mais ce débat n'a jamais été vraiment tranché : avec la LOM, l'occasion se présente." Son volet intégrant une programmation financière des investissements sera selon lui, déterminant. "Car le pays a besoin d'une feuille de route claire et précise pour les vingt prochaines années. Suite à nos recommandations, les arbitrages interministériels sont toujours en cours. A ce stade, tout le monde n'est pas encore d'accord."
Après être revenu sur la méthode et la commande passée par le gouvernement au Conseil d'orientation des infrastructures qu'il a piloté, Philippe Duron a donné des exemples locaux illustrant la priorité à donner à la régénération d'un réseau plombé par des faiblesses structurelles. Par exemple en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, les difficultés de la gare de Marseille Saint-Charles, des lignes qu'elle dessert et de son système ferroviaire régional illustrent bien cette urgence de modernisation de l'exploitation, de la maintenance et de la signalisation ferroviaires. "Là comme ailleurs, cet effort de modernisation est crucial mais il aura un coût", prévient l'ancien président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf).
Citant d'autres dossiers sensibles comme celui de l'autoroute A45, un projet à l'arrêt depuis plus de vingt ans, il a insisté pour que les collectivités impliquées, les agglomérations et métropoles entre Lyon et Saint-Etienne que cette route projette de relier, se parlent entre elles et avec la région. Même constat d'un dialogue à rétablir entre collectivités en vue de dénouer le fameux noeud ferroviaire lyonnais. La désaturation des noeuds ferroviaires figure en effet au rang des priorités du rapport Duron. Les travaux à réaliser sur les nœuds ferroviaires du Nord de Toulouse et du Sud de Bordeaux y sont cités comme prioritaires.
Du retard a été pris dans le déploiement du système de gestion du trafic ferroviaire ERTMS (European Rail Traffic Management System). "Bonne nouvelle, la ligne à grande vitesse Paris-Lyon, la plus fréquentée d'Europe, et à terme d'autres lignes, vont être équipées de ce système de signalisation paneuropéen", salue Philippe Duron. Et d'ajouter, au sujet de l'électrification ferroviaire - un kilomètre sur deux du réseau ferré dans l'Hexagone est électrifié - qu'elle est "importante, certes moins polluante mais pas forcément la panacée car elle n'améliore pas toujours l'efficacité des lignes". Au lieu d'engager des crédits d'électrification, le rapport Duron suggère d'innover là où c'est possible en expérimentant par exemple des trains à hydrogène, comme l'envisage actuellement la région Bourgogne-Franche-Comté avec des matériels Alstom.
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