L'Association des régions de France (ARF) évoque, dans un communiqué de 8 février l'avenir des petites salles de cinéma dans le contexte actuel du passage à la projection numérique. L'Autorité de la concurrence a été saisie en octobre dernier par la ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi afin d'examiner un dispositif de soutien financier proposé par le Centre national de la cinématographie et de l'image animée (CNC) pour l'équipement numérique des salles. Le CNC propose la création d'un fonds spécifique de mutualisation, ouvert à l'ensemble des exploitants et des distributeurs. Les salles adhérentes à ce fonds bénéficieraient d'un accès privilégié à la garantie de l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic) afin de faciliter l'accès au crédit bancaire.
La diffusion des films sous forme de fichiers numériques en salle de cinéma nécessite des investissements importants de la part des exploitants de salles (acquisition de matériel coûteux, réalisation de travaux architecturaux pour l'adaptation des cabines de projection...). Ces investissements sont estimés, comme l'ont mentionné les sénateurs dans le projet de loi de finances pour 2010, "dans une fourchette moyenne de 80.000 euros à près de 100.000 euros par écran. Notre pays comptant plus de 5.400 écrans actifs, le montant total des investissements requis s'élève ainsi à plus de 450 millions d'euros". Les collectivités territoriales qui apportent des aides à la construction ou la rénovation des salles (aides adossées au soutien du CNC appelé "Aide sélective") sont directement concernées car près d'un tiers de ces 5.400 écrans français sont situés dans des communes de moins de 50.000 habitants.
Face au projet du CNC, l'appréciation de l'Autorité, publiée le 2 février, est que la numérisation des salles de cinéma est "un objectif d'intérêt général qui justifie sans doute une intervention publique" mais elle préconise "de rechercher les voies les moins restrictives de concurrence [...] en émettant des propositions dans ce sens". Le fonds de mutualisation "avait pourtant pour mérite de garantir l'indépendance de programmation des salles bénéficiaires et présentait également l'avantage de s'adresser à la très grande majorité du parc de salles de cinéma, notamment aux petites salles de proximité qui jouent un rôle important dans l'aménagement culturel du territoire", souligne l'ARF.
Plusieurs régions telles que l'Auvergne, le Limousin ou l'Aquitaine ont adopté un projet d'expérimentation pour le passage au numérique de quelques salles de cinéma indépendantes. Ainsi, à titre d'exemple, la région Aquitaine attribue individuellement, à six salles, une subvention de 30.000 euros pour l'équipement numérique d'un écran. "La région garantira par ailleurs à hauteur de 50% l'emprunt contracté par les salles pour assurer le reste du financement." L'évaluation qui résultera de cette opération "doit permettre de définir de manière prospective les modalités d'accompagnement du passage à la projection numérique dans les salles de cinéma de proximité", explique la région.
Catherine Ficat
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