l'environnement, terre d'accueil de 15.000 missions


François Chérèque a de quoi être satisfait : pour accompagner la montée en charge du service civique, le président de l'agence dévolue à son développement préconisait dans son rapport remis l'été dernier que les associations ne soient pas les seules mises à contribution, et que les services de l'État et opérateurs publics puissent aussi y trouver un intérêt, en lien avec leurs activités et tout en cofinançant des postes. Chose faite, le 24 février, avec un premier chantier interministériel débouchant sur une déclaration d'engagement, notamment signée par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, et le ministre de la Ville et de la Jeunesse, Patrick Kanner.
Ce dernier a précisé que, même si des arbitrages financiers restaient en cours, tout devrait être opérationnel au 1er juin. Pour l'ancien président du conseil général du Nord, ce premier pas visant à accueillir 15.000 nouveaux volontaires dans des structures ayant des projets en lien avec l'environnement - dont 5.000 au plus vite par le biais d'une fondation spécialement créée - a le mérite de répondre à une demande croissante au vu du succès rencontré par le dispositif, largement déficitaire en offres. "Il y a quatre fois plus de demandes qu'il n'y a de services civiques proposés", rappelait ainsi en début de mois le président de la République, lors de sa conférence de presse.

Une prise en charge des coûts prévue

Entre 35.000 et 40.000 jeunes sont aujourd'hui en service civique. Ils étaient 5.000 il y a cinq ans. Le but est de passer à 70.000 dès cette année puis, progressivement, à 170.000 d'ici à 2017 – un objectif fixé par François Hollande. Le périmètre des structures d'accueil doit donc logiquement s'élargir. Dans le viseur de François Chérèque, "les collectivités, notamment les communes, qui ont encore trop peu bougé et accueilli 15% des jeunes, les hôpitaux également, une autre mine de missions d'intérêt général, encore peu exploitée". Pour accompagner la nécessaire montée en charge, le ministère de l'Ecologie entend orienter les jeunes vers trois chantiers prioritaires.
Le premier : des missions d'animation territoriale prioritairement déployées au sein des collectivités ayant répondu à deux récents appels à projets du ministère, celui sur les "territoires à énergie positive" (voir notre article du 10 février) et celui sur le zéro déchet (voir notre article du 6 janvier). Alors que les quelques collectivités ayant déjà recruté des volontaires – villes de Paris, Lille et Bordeaux en tête mais aussi les conseils généraux de Meurthe-et-Moselle, de la Réunion, de l'Essonne et du Bas-Rhin – ne percevaient pas l'aide qui est versée au titre du tutorat aux associations, des financements ici sont garantis (une indemnité prise en charge par l'Etat de 467 euros s'ajoutant au soutien de 106 euros apporté par l'organisme d'accueil). Voilà sûrement de quoi les remotiver.

En collectivité, des missions d'"animateur en biodiversité"

"Nous en tout cas le sommes, et nous allons motiver notre réseau car il n'y a que des bénéfices à en tirer", estime Jean-Louis Joseph, président de la Fédération des Parcs naturels régionaux. Cette fédération, qui veut attirer au plus vite 70 nouvelles recrues, est conviée à rejoindre le pilotage du second chantier de structures d'accueil de volontaires, celui en lien avec la biodiversité. Les missions à y exercer relèveront de l'information du public, de la médiation avec les populations vivant à proximité d'un espace naturel, de l'observation de la faune et de la flore, etc. Des missions qui, comme le précise le référentiel établi pour l'occasion, doivent être "principalement menées sur le terrain, au contact du public", sans demander de "connaissances techniques et pratiques sélectives".
Exemple de mission citée, côté collectivité : au Grand Chalon (Saône-et-Loire), celle d'animateur en biodiversité, entre autres chargé de mener des inventaires en jardin privé à la suite d'échanges nourris avec des particuliers. Côté association, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) recrute aussi : 182 jeunes y sont passés en service civique ces quatre dernières années, la moitié ayant été par la suite embauchée dans le secteur. Les missions : des soins aux animaux en détresse, des suivis ornithologiques, des comptages d'oiseaux, etc.

Energie, climat, lutte contre la pollution... de nombreuses missions de sensibilisation à venir

Troisième chantier prioritaire et orientation possible : les secteurs de l'énergie, du climat et de la réduction des pollutions. Exemples de missions dans ce domaine : sensibilisation des estivants au tri de leurs déchets (testé par la communauté urbaine de Strasbourg), des particuliers au zéro phyto (déjà au conseil général des Landes), des habitants à la lutte contre les nuisances sonores (à Saint-Paul, à La Réunion) ou bien à l'entretien des cours d'eau pour prévenir les inondations (au syndicat mixte des vallées de l'Orb et du Libron, dans l'Hérault)… On le voit, la palette de missions est très variée.
"Vecteurs de lien social, les jeunes en service civique sont des apporteurs, des diffuseurs d'informations en lien avec des programmes et outils que les usagers et habitants ne connaissent parfois pas", a souligné Ségolène Royal. Ralliées à cette dynamique interministérielle, d'autres structures plus classiques d'accueil de volontaires proposeront des projets en lien avec l'environnement. C'est le cas de la Ligue de l'enseignement qui, forte de plus de 2.000 volontaires accueillis en 2013, s'engage à en mobiliser certains sur des missions de sensibilisation à l'environnement en milieu scolaire, périscolaire et en terrain rural. Unis-Cité, l'association pionnière du service civique, déjà active lorsqu'il se dénommait encore service civil, est aussi de la partie via son programme Médiaterre et son partenariat avec des éco-organismes comme Eco-Systèmes pour des missions d'animation de collecte ou de sensibilisation au recyclage de déchets électriques. Un partenariat est aussi en cours avec EDF sur le volet de la lutte contre la précarité énergétique.

Création d'une "fondation du service civique de la transition énergétique"

Aux côtés de la Fondation Agir contre l'exclusion (Face), qui regroupe de grands groupes français, Unis-Cité vise un millier de missions dès cette année, autour de trois axes bien définis : maîtrise des consommations d'énergie des populations précaires par l'usage d'outils numériques et l'installation de compteurs communicants, mobilité durable et transports propres pour les populations en difficulté, accompagnement de locataires s'installant dans des logements basse consommation, notamment dans l'habitat social. Les bailleurs sociaux seront donc aussi mobilisés. Et vu l'ampleur du projet Face/Unis-Cité, une fondation doit être créée pour réunir des fonds ; l'Ademe et des collectivités étant aussi invitées à le soutenir. Pour cette "fondation du service civique de la transition énergétique", lancée avec le soutien des deux ministères, Ségolène Royal a lancé un appel à mobilisation ; une vingtaine d'entreprises pourrait apporter leur soutien financier.

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